Il y a des expéditions qui ne nous laissent pas indifférent.
Texte et photos : Carl Lacoste
Le FORMAROC fait partie de ces expéditions inclassables, car c’est à la fois ludique, pédagogique le tout dans un esprit solidaire ou chacun trouve sa place dans le groupe.
La photographie est toujours le fil conducteur et la navigation au GPS est très importante, elle permet en binôme de faire librement et à son rythme le parcours quotidien d'environ 150 km.
Sur le FORMAROC, il faut savoir prendre son temps, un dicton local disant "Au Maroc, on ne se perd pas, on prend son temps" afin de profiter des paysages et partager de bons moments avec la population.
Le thème de l’expédition 2017 est simple, retrouver les pistes qu’avait parcouru en son temps Charles de Foucauld.
Le bienheureux Charles de Foucauld, était un officier militaire, explorateur, géographe, linguiste, moine et ermite français. Il est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg, en France, et a été assassiné le 1er décembre 1916 à Tamanrasset, en Algérie.
À vingt-trois ans, il décide de démissionner de l'armée afin d'explorer le Maroc en se faisant passer pour un juif. La qualité de ses travaux lui vaut la médaille d'or de la Société de géographie et une grande renommée à la suite de la publication de son livre Reconnaissance au Maroc (1888).
Charles de Foucauld a mené une vie aventureuse avant de se convertir au catholicisme. Après sa conversion, il a vécu une vie de prière et de contemplation dans le désert du Sahara en tant qu'ermite. Charles de Foucauld a été béatifié par l'Église catholique en 2005.
Essaouira, autrefois Mogador, est le point de départ des 10 équipages de cette nouvelle aventure. L’un d’entre eux participera pour la première fois à l’expédition avec une remorque tout terrain Explorer Jack Bushman.
C’est parti, la piste qui longe l’atlantique est roulante nous profitons des paysages d’arganiers sur fond bleu d’océan.
La journée se termine par un bivouac non loin de Taroudant, le repas est gastronomique comme très souvent.
Cette année est organisé un concours Top Chef Bivouac l’occasion pour certains équipages de faire découvrir une spécialité culinaire propre à sa région aux autres participants.
Pour Marie, la nuit sera courte, profitant du ciel étoilé : « C’est mon second FORMAROC et je suis toujours aussi enthousiaste, la formule est vraiment sympa, elle donne le temps à des gens comme moi de se perfectionner à la pratique photographique. A la fin du périple, J’ai toujours les mêmes regrets : le temps passe trop vite. J’aime l’esprit expédition, la preuve, je reviens chaque année ».
Le lendemain matin nous repartons pour deux jours de navigation aux waypoints.
Nous rentrons enfin dans le vif du sujet, nous ne savons pas si les pistes parcourues par Charles de Foucault existent encore ou modernité oblige, sont devenues des rubans d'asphalte.
L’expédition prend alors tout son sens sur ce genre de parcours.
L'interrogation sur la qualité de la piste tombe rapidement, la première partie se fait sur une piste roulante sans trop de difficulté.
Mais la seconde journée va être plus ardue pour nos équipages.
La piste est bien là, difficile à trouver, car c’était sans compter sur les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le sud du Maroc emportant routes, ponts, et bien sûr les pistes comme très souvent.
La croisière marocaine comme l’ont surnommé les participants débute au fond d’un oued dont il faut remonter en slalomant entre les cailloux.
Il faut s’arrêter de nombreuses fois pour déplacer des obstacles, repérer un passage, d’où l’importance des radios qui permettent de contacter le 4x4 ouvreur.
Les 4x4 ne sont pas épargnés, Gilles équipé de sa remorque suit le mouvement avec beaucoup d’attention.
La journée va être longue pour faire les 100 km qui nous séparent de Foum Zuig.
Première casse au bout d’une dizaine de kilomètre le Toy HDJ 80 de Jacky a un problème. Le bruit vient du moteur mais le plus inquiétant c’est que le 4x4 est incontrôlable.
Il faut s’arrêter, le verdict tombe rapidement, le boitier de direction est cassé. Il faudra un peu de fil de fer et beaucoup d’ingéniosité pour reprendre la piste à faible allure en attendant de pouvoir réparer.
Les passages des oueds à sec sont nombreux et à chaque fois se sont des endroits délicats tant le nombre de pierre à contourner ou à franchir sont importants.
Mais le meilleur reste à venir, nous arrivons dans une gorge avec un petit passage étroit entre la paroi de la montagne et un petit ravin. La piste endommagée par les pluies, étroite et légèrement en dévers est surtout détruite partiellement, coté ravin.
Il faut prendre le temps d’analyser la situation. Un premier 4x4 est passé manquant de peu de partir au ravin. Il faut consolider la piste en empierrant sa bordure qui risque à tout moment de s’effondrer.
Pierres après pierres, il faut reconstruire ce petit passage pour pouvoir faire circuler le convoi.
Nous sortons les masses et burins pour casser une pierre qui pourrait renvoyer les véhicules les plus larges dans le décor. Un vrai travail d’équipe et c’est dans ces situations là où il faut être solidaire comme sur toute expédition.
Une fois le passage sécurisé les 4x4 un à un prennent le passage avec un peu d’appréhension. Mais c’est sans compter le sang froid de chacun. Le reste du parcours va être à la hauteur de notre aventure longue et difficile. Les véhicules souffrent, surtout les pneumatiques et les suspensions qui vont être mis à rude épreuve.
La remorque n’est pas épargnée par la rudesse de certains passages délicats. Pour Gilles, l’heureux propriétaire de la remorque Jack Bushman Explorer c’est l’occasion de nous donner ses premières impressions : « Je suis agréablement surpris par la comportement off road de la Bushman Explorer.
C’est la première fois que je pars en raid avec une remorque tout terrain derrière mon 4x4, c’est un vrai challenge même si les Australiens et les Sudaf sont devenus très FAN de ce mode de transport.
Il faut juste adapter sa conduite par exemple : sur le sable la remorque demande une vitesse régulière sans coup de volant et une pression des pneumatiques autour des 1,5 barres.
Sur les pistes cassantes, l’important est d’adopter une vitesse lente avec une pression de moins de 2 barres pour ne pas blesser les flans des pneumatiques sur les cailloux pointues et avoir une vraie déformation sous charge.
Sur notre remorque, nous avons monté le BF Goodrich KO 2 en all terrain ce qui va s’avérer un très bon choix »
Pour ma part, ce voyage me laisse un petit goût de "reviens-y". Aventure, solidarité et partage étant le leitmotiv de notre voyage.
Plus de renseignement à retrouver sur le site : www.formaroc.fr.
Comentarios